Des choucas des tours à Montagny

Cet article est tiré de l’atlas des Oiseaux nicheurs du canton de Fribourg et de la Broye vaudoise

Choucas des tours

Coloeus monedula
Dohle 

Liste rouge suisse : potentiellement menacé (NT)
Population suisse : 1250–1500 couples
Population fribourgeoise : 140–180 couples
Population régionale : 190–240 couples 

Les cris métalliques d’une bande de corvidés se répercutent contre les murs du vieil édifice. Après un moment de vol collectif, agrémenté de voltiges, chaque couple rejoint l’entrée d’un orifice qui sera défendu face à la convoitise des concurrents. Sans les Choucas des tours, cette vieille tour n’aurait plus tout son âme. 

Cycle annuel : Dans nos régions, le Choucas des tours est essentiellement sédentaire. Dès mi-septembre, des individus provenant du nord-est de l’Europe se joignent aux oiseaux locaux pour passer l’hiver [1]. Les nicheurs se répartissent au gagnage loin des colonies et fréquentent souvent les dortoirs d’ordres divers. Les sites de nidification sont occupés dès février. Une ponte a généralement lieu entre mi-avril et début mai. L’envol a le plus souvent lieu à la fin mai ou en juin et juillet [2]. 

Habitat : Les Choucas des tours recherchent leur nourriture dans les pâtures à végétation basse [3], les cultures extensives et les champs, là où ils trouvent notamment de gros insectes [4]. Pour nicher, ils occupent des cavités dans des murs (tours, anciens édifices) ou de vieux arbres creux, des falaises molassiques, des architectures routières. Ils adoptent volontiers des nichoirs disposés sur des arbres ou des pylônes [5]. 

Répartition : Le Choucas des tours est une espèce de plaine dans notre région. Plus de 200 couples sont répartis dans 29 colonies de l’épicentre de la population est situé dans un rayon d’environ 5 km autour de la zone artisanale de Posieux, où se trouvent une vingtaine de couples sur des pylônes électriques et à Chiètres (44–53 couples), au Château (32 couples) et à la Tour des Arbognes à Montagny (14 couples) et dans les murs de soutènement de la Grand-Rue (7–8 couples dans les murs de soutènement de la Grand-Rue et 0–2 couples au Temple). Ailleurs, des couples isolés nichent plus ou moins régulièrement sur différents édifices, notamment à Avenches, à Lucens, à Moudon, à Guin et au barrage de Schiffenen. Les nidifications les plus élevées concernent un couple à Remaufens, à 840 m (P. Grand) et une colonie à La Verrerie, à 930 m (C. Grand), les deux en forêt. 

Évolution : Si en Suisse les effectifs du Choucas des tours ont augmenté entre 1993–1996 et 2013–2016 [6], ils ont régressé dans la région étudiée. Cet oiseau a disparu de plusieurs sites qui étaient occupés en 1986–1991 [7]. L’environnement urbain est délaissé au profit de zones plus attractives sur le plan alimentaire [4,6,8]. Si l’espèce se maintient encore à Moudon et Lucens, grâce aux pâturages de pente tout proches, on constate que la Basse-Broye et la zone qui jouxte le lac de Neuchâtel, où est pratiquée une agriculture très intensive, sont aujourd’hui désertées. L’abandon progressif de colonies anciennes comme celles de Payerne, d’Avenches et dans une moindre mesure de Morat, est sans doute lié à l’urbanisation croissante, notamment à l’extension de zones à bâtir sur des terrains utilisés autrefois comme gagnage. À l’inverse, il est encourageant de constater que des mesures favorisant la biodiversité [9], à l’instar de celles prises dans le Seeland dans la région de Chiètres, avec la pose de nichoirs ciblée dans les zones favorables, portent leurs fruits et permettent d’augmenter les effectifs de l’espèce [10]. 

Jacques Jeannmonod 

Références :
  1. Bionda (1998)
  2. Cercle ornithologique de Fribourg (1993)
  3. Knaus et al. (2018a)
  4. Korner-Nievergelt (1998)
  5. Musmann et al. (2007b)
  6. Meijer et al. (2017)
  7. Strebel (1991)
  8. Strebel et al. (2012a)
  9. Strebel et al. (2012b)
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