La seigneurie de Montagny –
Une histoire millénaire
La seigneurie de Montagny, dont les origines remontent au XIIe siècle, s’inscrit dans une période de grande instabilité féodale. Le premier seigneur connu est Ulrich de Belp, cité dès 1107. La famille de Montagny étend progressivement sa domination sur un vaste territoire comprenant plus de vingt villages actuels, de Belfaux à Gletterens, et même des possessions viticoles au bord du Léman. L’âge d’or se situe autour de 1270, lorsque Montagny est considéré comme un véritable centre urbain avec cinq rues et près de 500 habitant.e.s. La seigneurie passe ensuite sous domination savoyarde, puis est vendue à Fribourg en 1478 après plusieurs conflits et épisodes de décadence. Des figures marquantes, comme le baron Théobald, contribuent à la déchéance par leur mauvaise gestion et leurs crimes, jusqu’à l’expropriation imposée par Amédée VIII de Savoie.
Photo: ©La Liberté - Fête médiévale de Montagny, 2018

Les Sires de Montagny – Une lignée féodale puissante
Les seigneurs de Montagny furent des acteurs majeurs de la politique féodale romande. Alliés aux Savoie, ils ont exercé leur influence jusqu’à la vallée de l’Aar, via le château de Belp. On suit leur trace depuis Ulrich de Belp jusqu’à Théobald, dernier seigneur effectif avant que Montagny ne passe sous administration fribourgeoise. Leur blason, décrit en détail, évolue au fil des siècles. Il présente un « palé d’argent et de gueules de six pièces, au chef d’argent », une composition héraldique proche de celle des familles d’Estavayer, Grandson ou La Sarra. Des vestiges sculptés de ces armes sont encore visibles, témoins de leur puissance symbolique.
Les ruines – Entre poésie, mystère et patrimoine
Après la Révolution de 1798, le château est vendu, puis démantelé pierre par pierre. Une partie des matériaux aurait servi à bâtir des maisons voisines. Des légendes populaires naissent autour du site : trésors cachés, souterrains hantés, escaliers maudits… Aujourd’hui, ce qui subsiste – le donjon, une portion du rempart, des pans de murs et la porte d’entrée – évoque la grandeur passée du lieu. L’église voisine, bien que remaniée, conserve des éléments gothiques et des sculptures datant du XIVe siècle. Le site, bordé par l’Arbogne et encadré de forêts, compose un paysage à la fois mélancolique et majestueux, prisé des peintres et des promeneurs.